Montée de lait au sujet de la ponctuation…

Peu d’auteurs osent se mouiller, en ce qui a trait à la ponctuation, si bien qu’il ne faut pas toujours se fier aux exemples trouvés dans les dictionnaires et les grammaires. Jamais vous n’y trouverez de complément circonstanciel en fin de phrase… D’un dictionnaire à l’autre, les exemples donnés sont souvent les mêmes, alors on ne s’en sort pas. Bien souvent, la virgule n’est pas traitée de façon logique. Pourquoi serait-il plus logique d’ajouter une virgule dans Viens, dit-elle que dans Viens ! cria-t-elle ? De plus en plus de rédacteurs, traducteurs, réviseurs et correcteurs osent écrire Viens !, cria-t-elle, et ils ont raison de le faire, selon moi, ce qui est d’ailleurs appuyé par des ouvrages. Mais pensez-vous que les maisons d’édition osent ce changement ? Non. Personne n’ose…, parce que personne n’ose. Tous des moutons…

Pendant plusieurs années, je me suis battue auprès de certains clients et du MELS pour prouver que j’avais raison de parfois mettre une virgule devant un complément de phrase en fin de phrase commençant ou non par un de ces subordonnants, entre autres pour, parce que, puisque, lorsque, quand, si, avant que, dès que. Quand j’ai lu le livre L’art de ponctuer, de feu Bernard Tanguay, j’ai eu une révélation. Enfin, quelqu’un comprenait la ponctuation comme moi ! Je n’étais plus seule à raisonner en thèmes, en actes de parole et en foyers d’information, même si je n’avais jusque-là jamais été capable de nommer ces concepts. Quand j’ai appris le décès de l’auteur, j’avoue avoir eu une pointe de déception. J’étais seule de nouveau, à justifier mes virgules, me faisant même ridiculiser devant mes pairs.

La ponctuation, c’est difficile à expliquer; ça se sent. J’ai eu ma part de doutes, je me suis remise en question, j’ai cherché. Maintenant, je sais que j’avais raison de me battre. Avec le temps, j’ai même réussi à rallier certains collègues réviseurs. Je ne prétends pas détenir la vérité absolue dans le domaine de la ponctuation. Je ne peux même pas prétendre tout savoir de la virgule, mais je sais qu’elle m’est bien moins inconnue qu’à d’autres.

En 2007, j’ai écrit à l’ombudsman de l’Office québécois de la langue française, car je trouvais que la ponctuation n’était traitée qu’en surface sur le site Web l’OQLF. Mon message a été acheminé à une responsable. En résumé, on m’a répondu que la plupart des lecteurs n’étaient pas des professionnels de la langue et que ce serait trop pointu pour eux. Mais si on n’en parle ni à l’école ni sur LE site qui est un modèle pour plusieurs, qui le fera ? Pourquoi la ponctuation ne serait-elle pas aussi importante que l’orthographe grammaticale ? Et qui a décidé que la mode était à l’épuration des textes ? Une virgule de moins, et le sens d’une phrase est totalement différent, croyez-moi !

Si j’ai piqué votre curiosité, je vous invite à vous procurer L’art de ponctuer. Il vous faudra être concentré et avoir une certaine ouverture d’esprit. Mais dès que le déclic se fera, si vous êtes un passionné de la langue française, vous aurez l’impression d’avoir découvert un trésor caché. C’est du moins ce que je ressens.

Dans mes prochaines capsules sur la ponctuation, je vais oser me mouiller. Et si je me trompe, je saurai l’admettre. Une chose est sûre, cependant : je vais apprendre de mes erreurs, mais au moins, j’aurai progressé.

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